Feu vert au Stockage de Co² : les dérives du carbo centrisme...
Du carbone au dessus de nos têtes du carbone sous nos pieds...
ça y est....la société Total vient d'obtenir l'autorisation préfectorale lui permettant de démarrer les opérations d'injection de 120 000 tonnes de dioxyde de carbone pendant 2 ans sur le site de Lacq dans les Pyrénées Atlantiques. Peu importe que cette technologie ne soit d'aucune utilité pour lutter contre le dérèglement climatique, peu importe qu'elle n'ait qu'un intérêt commercial, peu importe que les risques soient sous évalués sans aucune expertise contradictoire : on fonce les yeux fermés et l'Etat donne même des sous pour aller un peu plus vite encore.
L'autorisation de ce projet n'est que le dernier avatar du "carbo centrisme" selon l'expression d'une amie.
Il est en effet indispensable de rappeler sans cesse, n'en déplaise à Claude Allègre, que nous sommes confrontés au pire problème qui soit : un dérèglement climatique dont les causes anthropocentriques ont été mises en évidence par les 2500 chercheurs du GIEC.
Le symptome plutôt que la cause. Malheureusement, nous nous intéressons davantage au symptome qu'aux causes du mal. Nous nous intéressons davantage aux images choquantes de banquise tombant dans la mer qu'aux phénomènes d'érosion du sol et d'effondrement de la biodiversité.
A focaliser sur les émissions de carbone elle-même, on focalise sur le mal et au mieux à son thermomètre. Mais on ne s'intéresse guère à la maladie elle-même. Conséquence : les faux remèdes prolifèrent.
Agrocarburants. Le plus exemple est sans doute celui des agrocarburants que les députés tentent en ce moment même de rebaptiser "biocarburants" pour contenter la stratégie publicitaire de cette agro industrie. Les agrocarburants n'ont aucun effet sur les émissions de GES et agravent des problèmes comme ceuxliés à la déforestation, aux pesticides ou à la faim....peu importe.
Compensation volontaire. Nous avons aussi eu droit aux mécanismes de compensation volontaire qui permettent d'imaginer réduire nos émissions de GES sans rien changer à notre mode de vie. EN mettant quelques sous dans la plantation d'un champ d'arbres à l'autre bout du monde, notre conscience est soulagée et surtout, surtout, nous n'avons rien changé à nos habitudes.
La stratégie du Shadock. Dernier faux remède en date : la capture et le stockage du CO². L'idée est si simple que l'on s'en veut de ne pas y avoir pensé ! Pour réduire nos émissions de GES...il suffit de pomper, pomper, pomper puis de tout mettre sous le tapis ou dans un grand trou ! Certes, cette technologie émet elle-même des GES et consomme de l'énergie. Certes, elle ne sera opérationnelle - si tout va bien - qu'en 2030 alors qu'il nous faut réduire nos émissions tout de suite. Certes, il faudrait trouver des milliers de cavités géologiques adaptées sans risques sismiques dans le monde entier. Certes, cette technologie coute beaucoup d'argent, autant de sous qui ne sont pas investis dans des solutions durables.
Certes mais tant pis. La semaine prochaine, on commencera à jeter du carbone dans un trou, juste sous nos pieds. Tant pis, ce sont nos enfants qui se débrouilleront avec ce joli cadeau : du carbone au dessus de leurs têtes et du carbone sous leurs pieds. Bonne chance.